Sur la terrasse

Sachant très bien que François de Charentes ne tarderait pas à le suivre, Franco se rend immédiatement sur la terrasse extérieure.

Il est de dos, les mains appuyées sur la rembarde, ses longs cheveux noirs flottant au vent. Le prévôt attend patiemment l'arrivée du membre du clan de la Rose avec une nouvelle pour le moins troublante.

Le Toréador emboîta le pas au Ventrue. Une fois sur la terrasse, il referma les portes derrières lui. Il tint droit et fier, tout en gardant un air neutre.

- Que puis-je faire pour vous monsieur de Santiago ?

Il se doutait bien de ce qui s'en venait...

Le Toréador referme la porte, scellant ainsi l'importance de cet entretien. Franco regarde au creux de sa main l'objet que lui a donné l'archon Florès. Une pensée futile quoique attrayante lui traverse l'esprit mais n'y demeure qu'une fraction de seconde. Son créateur et son père mortel lui avaient enseigné l'humilité et l'honneur face à n'importe quelle situation et il allait remplir à nouveau son devoir de transmission des pouvoirs.

En se retournant vers le Toréador, Franco affiche un air à la fois nostalgique et sage :

- Pour la deuxième fois, je détiens le destin de cette ville entre mes mains. La première fut quand l'ancien Prince déserta la ville en pleine guerre et que je me suis retrouvé, non seulement à être Seigneur de Guerre, mais dirigeant de cette cité, l'espace de quelques semaines. Il a fallu l'intervention de la Camarilla pour remettre quelqu'un sur le trône pour terminer cette guerre et maintenir l'ordre.

Le Ventrue toise intensément François de Charentes, si bien que c'en est presque intimidant.

- Maintenant, sur ordre de l'archon Florès, ancienne Prince de cette cité, je vous transmets la Principauté de la Cité de Québec, sur demande de la Camarilla et effective à partir de la fin de cette nuit.

Franco tient le pendentif par les chaînes, laissant voir le bijou d'or pur ou est finement ciselé le symbole de la Camarilla :

- Serez-vous digne d'être notre nouveau Prince, messire de Charentes ?

S'il était intimidé par la stature du Ventrue, rien ne parut. Alors que l'allocution batait son cour, un sourire bien peu modeste vint arborer le visage du Toréador.

- Monsieur Santiago, je dois vous avouer que ce n'est pas de cette façon et pour cette raison que j'ai migré en ces lieux. La seule chose qui reste inchangée est mon intégrité pour la Camarilla et mon désir de servir celle-ci. Donc qu'importe la fonction, je la remplirai par devoir. Saché que j'ai déja été Prince il y a un certain temps et servit en tant que Sénéchal a mainte reprise. Toutefois ce ne fut pas en des termes aussi... sombres, que dans la situation présente.

François s'avança vers son interlocuteur et effectua une noble mais courte révérence.

- C'est avec joie et honneur que j'accepte de prendre en charge la Principauté de la ville de Québec.

Franco n'était pas dupe, il en avait vu d'autres en 535 ans d'existence. Le sourire bien peu discret qu'affiche le Toréador ne change rien à l'attitude solennel du Prévôt, qui avait, avant tout, à coeur d'accomplir son devoir. Il demeure modeste dans ses paroles:

- Alors, soit, messire.

Lorsque France s'apprête à attacher le pendentif au cou de François de Charentes, il freine momentanément son geste :

- J'y pense, je vous propose de faire ce geste devant toute la communauté vampirique. Je puis faire la transmission de pouvoirs de manière plus officielle, puisque nous semblons tout deux soucieux de la tradition. Qu'en pensez-vous ?

François considéra la chose prestement.

- Cela me paraît une bonne idée. J'ai déja obtenu l'attention d'une bonne partie de l'assemblée a mon arrivée de toute façon. Je dois vous avouer que je suis contrarié de ne pas avoir pu me préparer a cette situation. Mais j'imagine que cela démontre la pureté perçant au travers des gestes... Soite, allons-y !

Il fit signe de la main vers la porte.